Terres de Sudar
…et in Arcadia ego
NAISSANCEs
I
L'île au soleil
attend les oiseaux noirs
le vent
fermera tes yeux
Nue dans la douleur
tu regardes l'eau des étangs
Il neige sur tes rêves
II
Oiseaux d'océan
tes mains caressent
dans mes yeux
les épées des iris
III
Tu marches
sur un cœur en sentier
qui attendait tes pas
Ton sourire éteindras les seringas
et les murailles de l'été
s'écrouleront
Tu seras tige au vent des souvenirs
Est-ce que l'amour pleurera ?
IV
Fleur en tes yeux d'or
le soleil ensanglanté
ne veut pas mourir
V
Dans l'eau de l'étang
ton image anneau
tremble
au doigt du temps
VI
Au creux de toi
à l'ancre d'un ailleurs orange et calme
une trirème
bat les rythmes du rêve
VII
Le vent marche sur la nuit
sur ton sourire
Tu m'as laissé les quelques grains
de ta lumière
VIII
On brisera la soie que tu tissais
tes yeux brillent - colchiques
au crépuscule
les couteaux des cailloux
ont lynché ton sourire
IX
Les souvenirs ont froid
L'écorce bleu du rire au vent s'en va
Très loin là bas la mer…
La fontaine irisée de tes yeux - fleurs
givre à l'hiver de ton silence
X
Par les heures qui se taisent
A cette croix de chemins
Se divise le long vertige
Des amours sans visage
EXILS
I
Chemins des rêves
où revivre tous nos passages
le sang de l'aube éclabousse en moi
ton visage
II
Somptueux instant
l'étang
la lumière rejaillie
le temps qui jette sa poudre aux yeux
miroir d'un amour
III
L'âme lavée de clairs matins
aux sous bois scintillants
tu m'as donné de vivre
l'automne
de ce pays naissant
IV
Quel navire
m'a laissée sur quel rivage
l'horizon
les fleurs ont l'air de pleurer
chavire dans le soleil de l'avenue
V
Croquis d'un bonheur - le temps
l'ombre des choses non vécues
l'intime silence
- non voulues
et l'inconnu sourire
Dans quelle nuit chuchote
Cet amour là ?
VI
Au printemps
tout revivra sous la terre
humus des jasmins parfumés
absent présent
tu me respireras
VII
Haut dans le ciel
alouette
ta vie défie tous les soleils
Au couchant
blottir ta fièvre dans mes mains
VIII
Lèvres du vent
messager
un instant sur ma lèvre
arrêté
…qui a pleuré ce goût de sel ?
IX
Des oiseaux tournent en silence
. flocons d'absence
Il neige
sur l'île où tu ne viendras pas
la mer, la mer
n'a pas voulu de nous
X
Les sarcelles ont égorgé l'aube
tu n'en reviendras pas
on clouera mon corps à ta croix
des cris
giffleront le silence
Qui sait déjà qu'un amour meurt ?
XI
Fusain d'un souffle dans l'aurore
tu as redessiné ma vie
ma mémoire sent la forêt
des jours sont nés
- sans toi
XII
Le vent
décidera de nos jours
sur les lignes de nos deux mains
sang et eau
mêlées
joie et peur
le vent
XIII
Pour un jour d'étoiles
il faudra longtemps pousser
la roue
des soleils levants
apprendre à sourire au possible
LES SENTIERS ROUGES
I
Les chemins
sont empierrés de mots
Il ne faut pas marcher pieds - nus
Garder conscience
que le silence - écoute
est bien vivant
II
Ceux qui desserviront le table
tremblants de jalousie
Ceux qui fermeront les volets
s'étonneront :
tu auras quitté la fête
avant que les fous se purifient
en jetant leurs lampes - tempête
dans les granges de nos moissons
III
Ils n'ont pas attendu
ton sourire
Ils ont lancé leurs pierres avant
Stupeur :