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le Flamboiement des piliers

16 Novembre 2017 , Rédigé par elle est parce qu'ailée Publié dans #planches maçonniques

Le flamboiement des piliers,

 ou les clefs d’un songe

en collaboration avec Martine Barbier

 

Une petite étincelle de lumière apparut dans l’obscurité. Elle semblait irradier comme une fleur épanouie entourée d’un phylactère sur lequel était écrit « Le cœur est le lieu de rendez-vous de l’amour et de la lumière, c’est là que se trouve la pierre précieuse qui permettra l’édification du Temple. Sans élan d’amour, le Temple ne se construit pas. Sans Lumière, il s’effondre. Pour soutenir toute chose, 3 piliers ont été dressés».

Je sursautais. Avais-je rêvé ou m’étais-je assoupie un instant, alors que j’avais le sentiment d’être bien présente sur ma colonne ? Étrange sensation de dédoublement. La tenue se poursuivit selon le rituel, et nous formions maintenant la chaîne d’union, autour du tapis de loge, les mains entrelacées. Influencée sans doute par mon rêve, je me mis à penser aux 3 piliers de nos LL :. maçonniques. Parmi nos symboles, force est de constater qu’ils sont souvent méconnus ou négligés. Ils ne sont pas obligatoirement représentés physiquement comme c’est le cas dans notre atelier ; ils ne figurent que rarement sur les tableaux de loge d’apprenti et sont parfois confondus avec les 2 colonnes à l’occident du temple. Comme je voulais comprendre le sens de ce songe, je choisis d’en chercher la clef dans un dialogue intérieur.

-A : Les 3 piliers, qui soutiennent le Temple, sont-ils nécessairement visibles pour être manifestés ? Les anciens rituels, mais aussi l’actuel rituel du REAA de notre Ordre, indiquent bien leur place en loge où est déployé le tableau de loge. Mais servent-ils à délimiter ou à protéger, par leur emplacement, un espace protégé ? Ou bien ne sont-ils que les frontières d’un périmètre vénéré par ce qui s’y trouve ? Ce qui rend l’étendue taboue est-ce la limite elle-même ou est-ce le dedans de cette limite ?

-B : Si on veut répondre à ces questions, partons de l’espace intérieur du Temple maçonnique. Pour cela, posons un regard proxémique, c’est-à-dire analysons la représentation des 3 piliers dans l’espace et dans leurs relations aux autres symboles présents dans la loge, en particulier le pavé mosaïque et le tableau de loge. Alors, on pourra peut-être en retirer des significations .

-: Dans les LL où les 3 piliers sont représentés,  ils sont disposés  à 3 des angles du pavé mosaïque. Pourquoi ? Le pavé mosaïque est-il le centre, le cœur de la loge ou bien a-t-il un rôle dont l’usage, au cours du temps, aurait introduit une méprise ?

-B : En effet, la question se pose. Le fait de voir, sur le sol du temple, ces alternances de carreaux noirs et blancs, dans une représentation spatiale restreinte mais centrale, crée une confusion entre ce que l’on appelle le pavage du temple et le pavé de la loge.  Si plusieurs textes font du Pavé mosaïque une sorte de planche à tracer, d'autres, comme le Prichard (1730), affirment que le Pavé mosaïque est tout simplement le sol de la Loge. Au REAA, par exemple, aucune explication n'est vraiment donnée. Mais dans le paragraphe « Décoration de la Loge », de ce Rite, dont la plus ancienne version connue remonte à 1804, il est précisé que le sol de la Loge est pavé de carreaux noirs et blancs alternés. Pour ce rite, le pavé mosaïque est, de plus, strictement associé aux deux colonnes, J et B ; il doit être disposé entre elles, à l'entrée du Temple, de façon que l'on soit obligé d'en fouler les dalles pour s'avancer en loge[1]. C'est sur lui, comme sur un canevas, que les pas rituels s'exécutent. Le pavé mosaïque marque donc le passage du profane au sacré, que l’initié doit justement fouler pour poursuivre la voie. Il guide l'initié sur la voie droite, le maintient dans l'axe de l'Orient. Et de rajouter ce conseil de décoration : lorsqu'il est aménagé autrement, il y a lieu d’incorporer un tel pavage, sous forme réduite d'un carré long placé au centre de la Loge, orienté comme cette dernière. Il s’agit alors d’un simple rappel du pavement de carreaux noirs et blancs, au centre de la loge à l’endroit où l'on place le Tableau de Loge. De là à prétendre qu'il est interdit de marcher sur le pavé mosaïque, il y a une déduction qui est fausse en son essence.

- A : Alors, le Pavé serait simplement le sol de la loge, il ne constituerait pas un espace tabou puisque il doit être foulé par les francs-maçons. Dans ce cas,  les piliers et le tableau de loge n’ont pas de rapport particulier avec lui.

-B : Pas tout à fait, car lorsque le pavé n’est représenté que par un extrait, le plus souvent sous forme d’un rectangle de proportion dorée disposé au centre du local (d’ailleurs sa superficie diffère selon les temples), il faut savoir comment placer le tapis de loge par rapport à lui.

-A : Sur ce sujet, pas de problème, toutes les sources sont d’accord : « au milieu du Temple et sur le pavé sera tracé, avec de la craie, le tableau connu de tout Maçon ». Au REAA, le Tableau de Loge est posé au centre même du Pavé Mosaïque comme cela est rapporté dans  les manuels de Tuileur de la Francmaçonnerie dès 1813[2] . Quand on parle de « tableau tracé », il s’agit en fait d’une réminiscence de la manière dont on sanctifiait les lieux de réunions des premières loges. Le tableau délimitait un espace sacralisé et déterminait un temps initiatique.

-: Oui, on a d’ailleurs de nombreux témoignages. A l’origine, les loges se réunissant dans des locaux non dédiés, le plus souvent des auberges, on traçait le tableau à même le sol, soit au charbon soit à la craie, et on l’effaçait ensuite. Mais dès le début des années 1740, par commodité, mais aussi pour assurer l’exécution d’une composition graphique et symbolique toujours exacte, on prit l’habitude de les réaliser sur des supports de bois ou de toile, que l’on disposait sur le sol pendant le temps des travaux, c’est pour cela qu’on le nomme indifféremment tableau de loge ou tapis de loge. Dès le début du 19ème siècle, cette habitude s’est universellement imposée et on n’y a plus jamais dérogé. Et puis, certaines loges, étant arrivées peu à peu à acquérir la disposition de locaux réservés, firent figurer les décorations rituelles à leur place précise ; au lieu de rester sur un plan, les symboles furent érigés en volume. Ce fut ainsi le début des constructions de temples maçonniques, mais on conserva le tapis de loge pour sanctifier le temps et l’espace des tenues. Autrement dit, le tableau de loge n’est pas la projection au sol du temple maçonnique, mais au contraire c’est le décor du temple maçonnique qui est la représentation en trois dimensions du tableau.

: Maintenant que le rôle du pavé mosaïque est écarté de la réflexion parce qu’en fait il est tout le sol de la loge, quelle que soit sa figuration symbolique ; reste à s’interroger sur le tableau de loge et les piliers. Et là, je me demande si ce sont les piliers qui sont extérieurs au tapis de loge pour en marquer les limites, ou bien est-ce le tapis de loge qui est à l’intérieur d’un espace dont les frontières seraient celles de la place des piliers ?

- B : Le Règlement Général de la Maçonnerie Écossaise de 1805, précise : ... Au milieu du Temple et sur le Pavé, le tableau de loge est environné de trois grands Chandeliers portant chacun un flambeau[3], le Rite primitif écossais  dit la même chose : Trois flambeaux sont placés autour du carré long. L'aire délimitée par le tableau de loge est donc bornée par les 3 piliers, qui en font un espace tabou que personne n'est autorisé à fouler, sauf en certaines circonstances et par le Grand Expert dans l'exercice de ses fonctions. Cela avait son importance, lorsque les frères présents, à l’exception du vénérable installé assis sous un dais, se tenaient debout lors des tenues, avec toute latitude de circuler. Les piliers n’apparaissent ainsi que par rapport au tableau, comme ses frontières extérieures, ses limites angulaires.

-: Il faut tout de même remarquer, que le tableau de loge ne fut pas toujours couché sur le sol. En effet, le centre de la loge répondait, chez les Ancients, à un agencement précis, mais le tableau n'y figurait pas, alors que les Moderns en faisaient un élément essentiel au centre de la loge. Pour rappel, les anciens sont les frères de la Grande Loge d'York de 1751, rivaux de ceux de la Grande loge d'Angleterre de 1717. D'où le compromis curieux de la grande Loge unie d’Angleterre qui les fusionna : on garda le tableau des Moderns, mais pas au centre la loge… Il fut déposé debout contre le plateau du 2ème Surveillant !

- B : On trouve également des témoignages iconographiques[4] au 18ème siècle où  la tenue se faisait autour de la «planche à tréteaux» ou « tableau de chevalet »[5]. Les Frères, réunis au centre de la loge, sont assis autour d’une table dressée sur des tréteaux et sur laquelle repose le tableau lui-même. Les Officiers sont placés autour de ce tableau et le travail se fait sous la direction du Vénérable Maître. On peut alors étudier et commenter les différents éléments du tableau qui sont sous les yeux des Frères, et alterner ce travail avec la citation et les commentaires des Instructions qui s’y rapportent dans les différents grades

.-: Ce que l’on peut comprendre aujourd’hui c’est, qu’avant la tenue, il faut bien installer,, les éléments de décor et faire figurer les décors rituels à leur place précise avant même leur mise en œuvre par le rituel. On en vient à croire, que c’est à l’intérieur de la position des piliers déjà installés que sera découvert le tapis de loge, alors qu’en fait c’est la forme rectangulaire du tableau qui structure la place des piliers pour lui faire une «niche de lumière». Imaginons un tableau de loge rond, comment auraient été placés les piliers ? Et maintenant que l’on comprend leurs situations autour du tapis de loge, c’est quoi ces fameux piliers ?
 

 

- B : Si on va aux sources[6], les textes les désignent comme les « 3 grandes colonnes », ou les « 3 grands piliers », le REAA parle de « trois forts piliers », le règlement général de la  franc-maçonnerie de 1805 précise, quant à lui, « trois grands Chandeliers, portant chacun un flambeau ». Quels que soient les termes employés, les 3 piliers signifient toujours  Sagesse, Force, Beauté. Ainsi, on trouve dans les rituels, comme dans l'instruction au 1er degré du REAA : D - Quels sont les appuis de votre Loge?  R-  Elle est fondée sur trois forts piliers.  D - Quels sont-ils ? R - Sagesse, Force, Beauté.

-A : Ce que nous appelons piliers ne sont donc qu’une matérialité conventionnelle du ternaire : Sagesse - Force - Beauté. C’est la Franc-maçonnerie du 18ème siècle, qui en a fixé la dénomination et la représentation par trois piliers physiques. On notera que dans les anciens Devoirs, les piliers se nommaient Sagesse, Force et bonté[7]. Il fut admis que le pilier sagesse serait surmonté d’un chapiteau ionique, le piler force d’un chapiteau dorique et le pilier beauté d’un chapiteau de style corinthien. Mais, comment sont-ils placés, dans quel arrangement autour du tapis de loge, puisque de fait, il y a quatre angles, mais seulement trois concepts à matérialiser ?

- B : On trouve des variantes selon les rites[8]. Bien que les colonnes Force et Beauté soient, le plus souvent, associés avec les deux surveillants, le Pilier Sagesse est toujours et dans tous les rites, rapproché du Maître de la Loge. La place du Maître à l'Est est assurément l'une des plus anciennes et des plus sûres de la Franc-maçonnerie. Si nous nous reportons à une gravure de 1735 représentant le tableau des Loges de la Grande Loge d'Angleterre, nous voyons, cependant, très nettement que la chaire du Maître est placée au coin sud-est de l’espace de travail[9]. Néanmoins, le Rite ancien de 1753 parait avoir adopté pour le Maître lui-même une position plein Est. Cet usage a prévalu en Angleterre et il est, à l'heure actuelle, absolument universel, au point qu'il serait insolite désormais, de replacer le Maître de la Loge au sud-est. C’est peut-être, comme trace de cet ancien usage, que le pilier de la sagesse se trouve au coin sud-est du tapis de loge et les deux autres, force et beauté, en général à l’ouest comme les deux surveillants[10].

-A : Et voilà, je sens encore une confusion possible. Alors précisons : les piliers ne représentent QUE le ternaire Sagesse- Force-Beauté, pas les officiers de la loge porteurs de maillet, même si ceux-ci sont rituellement en relation forte avec les piliers notamment lors de leur illumination et de leur extinction ! L’invocation rituelle des officiers ne fait qu’appeler la sagesse, la force et la beauté à se manifester dans le temple ; le vénérable et les deux surveillants ne sont pas l’incarnation des constituants du ternaire. Quand on élève  le temple sur la base de ce ternaire à l’ouverture des travaux, les trois officiers n’en sont que les œuvriers qui lui permettent d’être un ternaire vibratoire de lumière par leurs proclamations, qui bien que variant selon les rites, signifient toujours la même chose à savoir que la sagesse illumine nos travaux, que la force les soutienne, que la beauté les orne mais surtout que chacun les accueille en lui !  Cela est si vrai que le vénérable est, selon les instructions du premier grade, une des trois lumières de la loge avec la lune et le soleil, il n’est donc pas la sagesse, c’est son flambeau qui la porte. Alors, si ces piliers sont l’évocation d’un vrai ternaire, un triangle devrait être leur figuration ? Or, nous voyons les piliers, en quelque sorte, formant un rectangle non fermé.

- B : À bien regarder, il y a tout de même un triangle qui joint ces trois points ? Une diagonale imaginaire ne rétablirait-elle pas la figure traditionnelle du ternaire ? Trois points distincts forment toujours un triangle à moins de ne pas les relier tous ensemble, laissant un côté ouvert, c’est alors un angle qui est tracé. Le regard géométrique sur les piliers peut les observer soit comme un triangle rectangle partageant en deux l’espace rectangulaire, soit comme une équerre avec son angle droit et cela  esquisse des réflexions. Mais chacun reste libre de les achever à son idée et de les utiliser à sa guise, conduisant à des interprétations symboliques qui ne sauraient, de toute manière, épuiser les significations différentes mais jamais exclusives.

-A : En fait, ce n’est pas que cela qui m’interroge. Actuellement, les piliers, que l’on peut voir au cours des tenues des rites qui en ont conservé l’usage, sont des colonnes attestant des trois ordres majeurs d’architecture, le ionique, le dorique et le corinthien. Par là, on voit bien que ces piliers sont susceptibles de soutenir un édifice, en l’occurrence la loge comme les rituels le disent. Pour se raccorder à la tradition des bâtisseurs antiques, il fallait faire de ces lumières qui ordonnent le monde des apparences, un modèle de bon comportement inspiré des sagesses antiques. Au nom de la tradition et de notre culture gréco-latine, nos prédécesseurs ont associé les lumières aux ordres d’architecture des temples grecs. Or, les gravures du début du 19ème siècle montrent, que ce que nous appelons piliers sont, de visu, de grands chandeliers, portant chacun une lumière au premier degré, trois au grade de maître. Aujourd’hui encore, on place des bougies, sur leur faîte, qui sont rituellement  éclairées à l’ouverture des travaux et éteintes à leur clôture. De plus, des flambeaux sont allumés sur les plateaux du vénérable et des surveillants pour les loges qui ont abandonné le rituel des piliers présents en tenue. Y aurait-il un glissement sémantique entre pilier et flambeau avec quelle conséquence sur le rôle du ternaire sagesse-force-beauté ?

B : Les piliers étant aussi appelés flambeaux, colonnes, colonnettes ou Lumières d’Ordre[11]  en fonction des Rites et des époques, on réalise vers quel malentendu conduisent les synonymes mais aussi les homonymes. Il convient de rappeler que les plus anciens Rituels déclarés comme "modernes"[12] considèrent que les trois Lumières de la Loge sont le Soleil, la Lune et le Maître de la Loge[13] ; c'est ainsi que la France les interprétera de 1730 à 1760. Les Irlandais  quant à eux, seraient les introducteurs, au milieu  XVIIIème siècle, du volume de la Loi  sacrée, de l'équerre et du compas comme étant les trois Lumières de la Loge. On comprend, que ces trois lumières ne sont pas en rapport avec les piliers, puisqu’il n’est pas question de sagesse-force-beauté. Prichard et Wilkinson disent : « trois piliers supportent la Loge : sagesse, force et beauté », formule que l'on aperçoit pour la première fois dans un texte maçonnique ; sentence surajoutée au groupe des trois lumières, soleil, lune et maître maçon, avec lesquelles ils ne se confondent pas[14]. Au RéAA, on dit : Il y a, dans la Loge, trois grandes lumières et trois petites lumières. Ces dernières [les petites lumières] sont les trois étoiles symbolisant les vertus qui permettent la construction du Temple, sagesse, force et beauté. Quant aux trois grandes lumières, elles ne sont indispensables que pour que la Loge puisse être régulièrement ouverte ; pour ce rite elles sont constituées par le volume de la loi sacré, le compas et l’équerreUne confusion est ainsi très apparente du fait des vocabulaires propres à chaque rite qui s’interfèrent sur des significations très différentes. Qui dit «spiritualité», évoque par association d'idées celle de Lumière, et peu à peu, par incompréhension de l'origine des piliers, le symbolisme de lumière est venu se superposer à celui des piliers, pour le plus grand dommage de deux groupes symboliques bien distincts[15]

- A : On saisit ainsi que le mot lumière n’est pas toujours en rapport avec les piliers, quoique piliers et flambeaux se trouvent à des emplacements parfaitement identiques sur de nombreuses gravures du 18e siècle. Ce qui importe, c'est de ne pas confondre luminaires et piliers et qu'ils restent bien indépendants les uns des autres. Il persiste que les flammes, appelées étoiles, allumées sur chacun des piliers/flambeaux, tracent un écrin  de lumière pour le tableau de loge, le spiritualisant par la triade[16] sagesse-force-beauté, véritable fondation sur laquelle se construit le temple.

-B :Si on résume : le pavé, que l’on voit, n’est qu’une miniaturisation du pavage du temple, sa place, devrait être entre les colonnes pour qu’on le foule en entrant dans le temple. 2° le tableau de loge qui doit recouvrir cette réduction crée une confusion, seul le tableau de loge définit un espace révéré au centre de la loge. 3° les piliers, présents ou pas, sont les limites symboliques du tapis de loge en tant que ternaire, angulaire ou triangulaire, sagesse-force-beauté.cette réduction crée une confusion, seul le tableau de loge définit un espace révéré au centre de la loge. 3° les piliers, présents ou pas, sont les limites symboliques du tapis de loge en tant que ternaire, angulaire ou triangulaire, sagesse-force-beauté.  4° la symbolisation de ce ternaire spirituel, manifesté par les étoiles allumées à l’ouverture des travaux, crée une confusion avec les officiers qui interviennent à ce moment du rituel, mais aussi avec ce que l’on nomme les 3 [grandes] lumières de la loge. 5° le temple n’est construit que si ce qui le soutient, les 3 piliers, ou les 3 flambeaux, sont prêts rituellement à accueillir le vrai temple, le tableau de loge.

-A : Ma rêverie du début s’éclaire doucement : les 3 piliers évoqués dans la loge « sagesseforce-beauté », physiquement représentés ou pas, sont le soubassement et l’illumination du Temple lui-même, que l’on parle du Temple de l’Humanité ou du Temple intérieur.

Bien sûr, il faudrait poursuivre le questionnement sur le sens même de ce ternaire sous-jacent, son rapport avec d’autres ternaires, en particulier celui de nos acclamations liberté-égalité-fraternité, ou avec celui du delta lumineux ou encore avec les 3 piliers de l'arbre des séphiroth de la kabbale?

 

-B : Et que devient, par rapport à cette triade, la place laissée vide au quatrième coin du tableau de loge ?[17]

 

[1]                     Avez-vous des meubles dans votre Loge ?  R. Oui.  D. Quels sont-ils ? R. Le pavé mosaïque, l’étoile flamboyante et la houppe dentelée. D. Quel  est leur usage ?   R. Le pavé mosaïque est le sol de la Loge, l’Etoile Flamboyante, le Centre, et La houppe dentelée la bordure tout autour…. Avez-vous des meubles dans votre Loge ?  R. Oui.  D. Quels sont-ils ? R. Le pavé mosaïque, l’étoile flamboyante et la houppe dentelée. D. Quel  est leur usage ?   R. Le pavé mosaïque est le sol de la Loge, l’EtoileFlamboyante, le Centre, et La houppe dentelée la bordure tout autour.

[2]                     sur le pavé au milieu de la loge est le tracé ou Tableau de la Loge.

[3]                     l'un au coin du tableau, entre l'Orient et le midi, les deux autres à l'Occident, l'un entre le Midi et l'Ouest, l'autre entre l'Ouest et le Nord ....

[4]              L'Iconographie débute vers 1740, tableaux de Loge aux différents grades, gravures de réception, précieuse par tout ce qu'elle apporte de complément aux textes. Celles extraites de l'Ordre des Francs-Maçons trahi 1742, du Catéchisme des Francs-Maçons 1749 et de la Franc-Maçonnerie démasquée 1751 enrichiront tous les ouvrages parus par la suite.

[5]              En anglais trestle board.

[6]                     Les textes anciens, que ce soit le rituel de Berne de 1740, celui des trois coups distincts de 1760,  le catéchisme adonhiramique de 1787, ceux du rite français comme ceux du RER, tous les désignent par trois grandes colonnes, le manuscrit Wilkinson les désigne par trois grands piliers.

[7]              Comme ils sont invoqués dans la prière initiale des Old Charges

[8]              Au Rite Moderne et au Rite Français notamment, les trois piliers sont placés en équerre à trois angles du tableau de loge. L’un au sud-est ; le deuxième au nord-ouest ; le dernier au sud-ouest. Au Rite Émulation et au Rite Écossais Ancien Accepté, ils sont placés suivant un tracé circulaire : la Sagesse est à l’Orient, près de l’autel, la Force se trouve à l’Occident, à gauche de la porte d’entrée, jouxtant le pupitre du Premier Surveillant, la Beauté trône au Midi, à côté du Second Surveillant ; on installe toujours les piliers à la droite des plateaux. Au Rite Écossais Rectifié, les trois Piliers sont disposés en équerre au centre de la loge. La Sagesse se trouve à l’angle sud-est, la Force à l’angle sud-ouest et la Beauté à l’angle nord-ouest.

[9]              A mason's examination  De même, un passage d’un texte  datant de 1723, précise :  D - Comment les maçons se placent-ils pour le travail ? R - Le Maître au sud-est  D - Où le Maître place-t-il sa marque sur l'ouvrage ? R - Au coin sud-est.

[10]            bien que sur les gravures du 18ème siècle, on voit qu’il y a deux piliers-flambeaux à l’orient et un seul à l’occident.

[11]            au Rite Écossais Primitif

[12]            Se réclamant des Constitutions d’Anderson

[13]            Le recueil précieux de la maçonnerie Adonhiramite de 1787

[14]            La Loge sera éclairée par trois Grandes Lumières qu'on nomme étoiles, placées en triangle autour du Carré Long, c'est-à-dire une à l'Orient et à la droite en pénétrant dans la Loge, la seconde du côté du Premier Surveillant à l'Occident et à la gauche en pénétrant dans la Loge, la troisième du côté du Second Surveillant à l'Occident et à la droite en pénétrant dans la Loge (Rite écossais primitif).

[15]            Comme René Guénon l’écrit: Une des principales difficultés que nous ayons eu à surmonter a été précisément de parvenir à démêler et à séparer ces deux questions étroitement liées sinon par leur origine, du moins par plus de deux cents ans d'histoire du symbolisme maçonnique spéculatif.

[16]            On a pu constater encore récemment, dans certaines obédiences pourtant officiellement « reconnues », les résultats calamiteux de « réformes » justifiées par le souci d’unifier les pratiques des loges ou de favoriser un prétendu « dépouillement rituélique ». Par ces pratiques mal contrôlées, les cérémonies perdent de leur substance symbolique, la circulation des énergies n’est plus respectée et les résultats sont préoccupants pour la transmission de l’initiation, et le respect de l’authenticité.

[17]                   Car enfin, toute réponse doit reprendre en elle l’essence de la question qui n’est pas éteinte par ce qui y répond 

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