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Quelques notions pour penser l'émergence et l'émanation (suite)

13 Juillet 2018 , Rédigé par elle est parce qu'ailée Publié dans #Franc-maçonnerie, #Franc-maçonnerie et Kabbale, #Philosophie

 

Plérôme

Il y a plérôme là où l'unité et l'intégralité des principes spirituels commandent la constitution du monde. Le plérôme englobe l'Un-et-Tout qui fonde l'expérience, organise ses éléments, répartit ses médiations ; il embrasse tout ce qui concourt et contribue à la création, à sa cosmologie (dualisme du monde d'en haut qui est lumière et du monde d'en bas qui est ténèbres), à sa chronologie (divisions du temps, détermination astrologique des ères favorables ou défavorables), à la sotériologie qui accompagne l'ontologie (chute dans le monde des corps, retour au monde des esprits).

L’arbre de vie (arbre des séphiroth) de la Kabbale, comme la trétaktys mais aussi comme l'oignon (le fétiche le plus ridiculisé par les Saints-Pères) sont des pléromes. L’oignon fut un des plus célèbres emblèmes du sacerdoce par les pellicules qui le composent; il offrait dans ses sphères enfermées les unes dans les autres, l'image végétable de l'Univers, toujours différent, toujours le même, et où chaque enveloppe représente l'ensemble de l'unité divine. Mais pourquoi pas aussi la musaraigne, que le peuple supposait aveugle à cause de ses petits yeux, qui était désignée par le sacerdoce comme l'incompréhensibilité du premier principe. Par tous les emblèmes, chaque dieu égyptien, à son tour, est représenté comme le Grand Architecte, digne de vénération et de sacrifices. On trouve, dans Diodore, Osiris représenté comme le Grand Tout; dans Apulée, Isis ; dans Procope, Neith; de même, Sérapis, dont les pieds sont la terre, le corps, la mer, les oreilles, l'air, les yeux, le flambeau du ciel et la tête, le firmament, est regardé par Diodore comme le Grand Tout. Le Nil est appelé le père de toutes les divinités ; il est figuré par un serpent circulaire. Athir est la nuit élémentaire ; elle engendre les premiers Dieux, Cneph, Phtas, Neith; ceux-ci veulent avoir ensuite la prééminence sur leur mère. Cneph et Phtas deviennent Osiris, Cneph est Isis ; ils retournent tous les trois dans le sein de leur mère ; là, par un inceste, ils engendrent d'autres Divinités. Isis eut d'Osiris Harpocrate. Dans ces allégories, les divinités sont les symboles variables des doctrines sur la matière et sur l'esprit qui la coordonne et l'anime.

 

Séphiroth

En hébreu, pluriel de séphirah, émanation d’une énergie de Dieu, entité abstraite qui reçoit et transmet un flux venant de l'univers divin et qui prend des colorations et des nuances résumées en dix expressions. D’après le Ramhal, les principes premiers (les séphiroth), qui ont réalisé toute la création, permettent aussi de comprendre la dynamique de l’histoire et son but.

Pour la Kabbale, lors de la Création du monde, Dieu a en quelque sorte restreint sa lumière, c'est le tsimtsoum, et, dans le vide formé par ce retrait, il laissa une empreinte, une rémanence, une trace de Lumière restante, le Rechimou. Dans un second temps, Dieu envoie dans ce réceptacle Rechimou un fil de lumière Kav, qui, dans son développement, va constituer dix cercles. Les 10 Séphiroth sont à la fois ces 10 réceptacles-cercles et la lumière émanée par le tsimtsoum, elles sont la limite de la lumière divine, la révélant en même temps ; «leur ensemble ne forme qu’une seule lumière, pareille à la flamme d’une chandelle allumée qui éclabousse d’éclats multiples les yeux des hommes». Chaque monde a sa capacité propre de réception et de dévoilement de cette lumière. On appelle cela un plérôme, une représentation imaginale de la manifestation appelée aussi Arbre de vie. Le plérome, cette recombinaison fractale de l’Unité, est un inter-monde entre le Un et le monde matériel. Chacune séphira est le vase d'épanchement de la précédente et la source d'alimentation de la suivante. C'est dans ce sens que certains exégètes parlent de séphirah, à la fois masculine et féminine, donnant et recevant en même temps.

La structure du plérôme fait apparaître 36 chemins de sagesse pour créer l’univers (le 10 séphiroth, les 22 lettres de l’alphabet et les 4 traverses).

Les scientifiques ont mis en évidence, sur les particules élémentaires créant la matière, l’existence de 10 dimensions dans les cordes des fermions et de 26  dimensions dans les cordes des bosons (26, en guématrie, est le nombre du Dieu YHWH). 36 est donc la somme des dimensions où vibrent les bosons et les fermions comme s’ils étaient sur les chemins de l’arbre des séphiroth !

Les Séphiroth sont souvent répartis en trois colonnes appelées piliers. Le pilier de la miséricorde, la colonne de droite (dans la symbolique ésotérique, la progression le long de ce pilier correspond à la magie bacchanale de l'ivresse, celle de l'invocation, où la conscience est modifiée par la mise en jeu des émotions).  Le pilier de la rigueur, la colonne de gauche (dans la symbolique ésotérique, la progression le long de ce pilier correspond à la voie du magicien, de l'occultisme, de l'évocation ; la conscience est modifiée par la rigueur, l'étude et la connaissance). Le pilier de la conscience, la colonne centrale (la voie de ce pilier est surnommée la voie de la flèche ; c'est la voie philosophique et mystique, qui commence par la dévotion et s'achève dans la contemplation).

Dans les cérémonies initiatiques, les deux piliers extérieurs sont représentés par les deux piliers du Temple de Salomon, Boaz (la force est en lui) et Jakin (il établit) ; l'initié étant lui-même le troisième pilier de la conscience, placé entre les deux autres.

L'arbre de vie est traditionnellement divisé en sections, séparées par des voiles horizontaux : - Le premier voile est celui de l'initiation. Il forme la limite entre la séphira Malkouth et le reste de l'arbre. L'initié qui franchit ce voile, au début de son travail, prend conscience du monde non-matériel, et peut commencer à maîtriser le domaine spirituel et mental. - Le deuxième voile sépare les trois séphiroth du monde psychique (Yesod, Hod, Netzach) de celles des domaines supérieurs. L'initié qui le franchit atteint la petite illumination, la naissance de Tiphereth, et prend conscience de sa nature profonde. - Le troisième voile est celui de la conscience elle-même. Il traverse Daath, la non-séphira de la connaissance, et sépare les trois séphiroth du monde mystique (Tiphereth, Guebourah, Hesed) des trois séphiroth métaphysiques (Binah, Chokmah, Kether). L'initié qui le franchit atteint sa nature divine, mais perd sa propre individualité : c'est le domaine de l'extase mystique. - Un dernier voile, le voile de l'existence, sépare l'arbre de vie lui-même du non-créé primordial, l'Aïn  Soph Aur. L'initié qui le franchit atteint Dieu, mais perd son existence (c'est pourquoi il est écrit que nul ne peut voir Dieu et vivre).

Si l’on considère le dessin de l’Arbre séphirothique selon la structure du corps humain, le triangle supérieur représente la tête : Kéther, Chokmah, Binah. Ce triangle a un reflet : le premier triangle inverti : Chesed, Gueburah, Tiphéreth, qui correspond à la zone du plexus solaire siège de l’être spirituel et matrice de l’être divin. Mais seul l’homme spiritualisé peut entrer dans la connaissance de ces lois ontologiques. Entre ces deux triangles se situe le cou. Quand le Dieu de la Bible s’irrite contre son «peuple au cou raide», il dénonce la rupture de communication entre la poitrine et la tête : Tiphéreth, la beauté, l’intelligence du cœur, ne peut plus refléter le sommet du triangle, Kéther la Couronne, lieu de première émanation et point d’équilibre qui contient tout ce qui était, est et sera. Alors le cœur n’exprime plus l’amour divin créateur. Vide, il se nourrit de ce deuxième triangle inverti : il devient affectivité sentimentale, proie à des passions livrées au dualisme et au déchirement. L’homme se recrée ainsi une fausse tête, en instaurant par exemple dogmes et idéologies. Il devra donc se décapiter s’il veut redevenir conscient de son moi divin et maître de la reconquête de son royaume, son propre intérieur dans sa manifestation pure originelle ; pour que l’humanité retrouve son vrai visage, elle devra trancher sa gorge orgueilleuse par la main droite.

Pour mieux comprendre cette gnose et ses relations avec diverses traditions on peut consulter le site très didactique : http://www.kabbale.org

 

Tsimtsoum

Processus primordial qui est à l'origine des mondes.

Conception émanationniste, introduite au XVIe siècle dans la kabbale par Rabbi Isaac Louria Achkenazi, concernant l’apparition du monde divin et terrestre, dont l’émergence s’assimile à une auto-contraction de la divinité, tel un exil en son sein, permettant l’instauration d’un espace vide. Écoutons le Zohar : « Sache qu'avant que ne soient émanés les émanés et que les créatures ne soient créées, une lumière supérieure simple remplissait toute la réalité. Il n'y avait aucune place libre, … ; tout était lumière, une, simple, homogène, c'est ce que l'on appelle la Lumière de l'Infini (Aur Ain Sof). Lorsque monta à sa volonté simple de créer les mondes …, alors, il se contracta lui-même.» Cette contraction, c’est le tsimtsoum. Ce point est dans un non-espace qui est un vide non-vide. Si le sens du mot Tsimtsoum est la contraction (puisqu’il dérive de Létsamtsèm qui veut dire contracter), dans le langage Kabbalistique il exprime aussi le retrait. Le Tsimtsoumest donc pour la Kabbale une double action, d’abord de contraction de la lumière (simple et unique) de l’infini, ensuite de rétraction. Par ce processus, D.ieu va refouler son Ein Sofiyouth, Son Infinitude, et laisser place à Sa création ; ce double mouvement de contraction-rétraction de l’état originel, sera le premier souffle de la Genèse. Le point central (ou premier) est appelé Nékoudah Ha Emtsaï, le point médian correspond à Even Chtiya, la pierre angulaire ou de fondement. Bien qu’informel, ce point représente la première matérialisation du Ratson Ha Boré, le Désir de créer à partir duquel D.ieu va fixer Son Objectif pour la création. C’est à partir de son hyper concentration que D.ieu va retirer, siphonner l’Ein Sof, l’infini, pour créer une limite, Sof, à l’émanation primordiale (éric Daniel Elbaz).

Mais, pour que la création puisse s’expanser, que l’infini ne la submerge pas dans un mouvement inverse, une délimitation fut installée en même temps. Depuis, une force maintient séparée la dualité en l’unité. Cette énergie ne serait-elle pas cette énergie noire, proposée actuellement par le commissariat à l’énergie atomique dans leurs dernières recherches astrophysiques, et qui, comme l’écrit Michel Cassé, fait naître «un état de grâce, d'élévation, où l'envol l'emporte sur la chute, une antigravitation».

Par le tsimtsoum, Dieu laisse la place à l'être fini autre que lui. Avec le tsimtsoum, le monde perd sa perfection. Il apparaît alors dans sa deuxième modalité, sous la forme de cinq mondes : l’Homme Primordial, les mondes de l'Émanation, de la Création, de la Formation et de l'Action. Ces mondes étant imparfaits, les actions réparatrices de l'homme y ont une place et constituent, par la perfection qu'elles instaurent, le sens ultime de la création.

Pour Emmanuel Lévinas : «La merveille de la création ne consiste pas seulement à être création ex nihilo, mais à aboutir à un être capable de recevoir une révélation, d'apprendre qu'il est créé et à se mettre en question. Le miracle de la création consiste à créer un être moral»

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