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Quelques notions pour penser l'émergence et l'émanation (suite et fin)

13 Juillet 2018 , Rédigé par elle est parce qu'ailée Publié dans #Franc-maçonnerie, #Franc-maçonnerie et Kabbale, #Philosophie

Kyrios. Je t'arrête, mon ami, laissons plutôt aux théologiens le soin de dire comment on va au ciel et aux astrologues le soin de dire comment va le ciel. Revenons sur terre et laisse-moi poser une question autrement. Comment peut-on penser l’émergence de quelque chose, à partir de composantes qui avaient au départ des propriétés totalement différentes les unes des autres ? En somme et pour exprimer cela d’une façon plus simple : on dit que le tout est davantage que la somme des parties qui le constituent, sais-tu si cela est vrai ?

Ithloaèdes. C’est tout à fait exact, c’est une manifestation des systèmes physiques connue depuis plus d’un siècle. Scientifiques et sociologues ont démontré qu’on ne peut pas se contenter de comprendre la nature à partir de chacun de ses éléments constitutifs pris individuellement. Comme un fameux physicien français (Poincaré) aimait à dire dans ses cours de Physique : « une maison est faite de briques, mais un tas de briques ne fera jamais une maison ! ». Cela veut dire qu’on ne peut pas se contenter de comprendre la nature à partir de la connaissance de ses éléments les plus simples, car on ne donne, ainsi, qu’une vision très approximative de la réalité du tout. En somme, c'est le contraire de la démarche réductionniste analytique qui accepte, conformément à la méthode que proposait Descartes, de réduire le tout à ses parties, pour mieux le comprendre.

Kyrios. Veux-tu dire que devrions-nous cesser d’être cartésiens ?

Ithloaèdes. Peut-être ! Pour un nombre croissant de scientifiques en tout cas, le réductionnisme est une entreprise qui risque de reposer sur une erreur de conception fondamentale. Au plan d’une vision générale sur l’Univers, le concept de l’émergence ne permet pas de comprendre immédiatement pourquoi le monde est ce qu’il est, et moins encore ce qu’il deviendra. Il permet juste de comprendre qu’aucune théorie réductionniste ne permettra jamais d’analyser et reproduire la complexité du monde.

Kyrios. Pour comprendre cela, faudrait-il, alors, revenir à la possibilité d’utiliser une vision «holistique» de la complexité du Tout. C’est-à-dire une vision d’ensemble, globale qui admet qu’il faut essayer de comprendre la totalité produite par composition de ses simples constituants ?

Ithloaèdes. Je pense que ce serait une possibilité, par exemple : si on fait un tas avec 9 briques, son poids se réduit à la somme des poids de chaque brique, il n’y a pas d’émergence. Mais prends une miche de pain, il est facile de voir que celle-ci possède des qualités qui ne peuvent être considérées comme la somme de ses ingrédients ; sa texture est totalement différente de celles de ses composants, blé, eau, sel, levure, feu… avant leur mélange. La miche est une émergence. Les propriétés émergentes du pain proviennent de l’interaction entre ses ingrédients et le pain qu’on obtient est bien plus que la somme de ses constituants essentiels. La nature du vivant ressemble plus au pain qu’au tas de briques. Si nous regardons un organisme vivant, celui-ci est, évidemment, plus que la somme de ses organes.

Un autre exemple : Prenons une molécule d’oxygène, qui compose la plupart des substances. Si nous prenons une bouteille remplie d’oxygène pur, non mélangé à une autre substance, elle semble vide, l’oxygène est invisible à l’œil nu, inodore et au poids négligeable. Il en est de même pour l’hydrogène. Cependant quand on met ces deux éléments ensemble, ils se transformeront immédiatement en liquide visible, en eau qui, elle, aura un poids.

Kyrios. Cela veut-il dire que le monde est constitué par des strates imbriquées d’émergences et pour les comprendre, il suffirait d’admettre qu’un niveau est constitué à partir d’éléments du niveau précédents lorsque ceux-ci s’organisent et s’intègrent ensemble pour donner quelque chose de nouveau, en d’autres termes pour créer quelque chose en plus d’eux-mêmes ?

S'il en est ainsi, alors on peut comprendre pourquoi la pierre qui constitue la clé d’une voûte n'est pas une pierre comme une autre car, en fermant la voûte, elle la solidarise, la constitue en un tout qui tient. Elle crée la voûte dans sa relation d'équilibre des forces avec les autres pierres en tant que structure architecturale dans laquelle il suffit d'enlever une pierre quelconque pour que l'édifice s'écroule et devienne un tas de pierres.

De même aucun élément d’un circuit ne vaut grand-chose en lui-même par sa matérialité, mais, le fait de se fermer, comme dans une chaîne d'union, de faire cercle ensemble, assure la continuité et établit, dans ce cas, la circulation d'un flux d’émotions, d’échanges entre FF ø Et SS ø Ce qui émerge à ce stade c'est donc la totalité comme telle, qui vaut bien plus que la somme des éléments du circuit. 

Ithloaèdes. Certes, toutefois, on considère qu’il y a émergence dès lors que les ensembles constitués par cette organisation complexe sont stables et qu’ils ont des propriétés propres, différentes de leurs composants antérieurs. L'émergence peut donc se définir par rapport à l'idée d'une organisation du monde selon des degrés de complexité croissante, succession qui ne peut être réduite à ses degrés élémentaires. Maintenant, il faut se représenter l'immense champ des technologies émergentes et convergentes, aujourd'hui disponibles susceptibles de fournir des briques pour la construction d'êtres artificiels, jusqu'à des populations de robots dotés de propriétés absolument inattendues et qu’on prétend qu’ils pourraient dépasser en intelligence les humains. Mais cela reste, aux yeux des scientifiques, un rêve romanesque fou et cependant non des moindres, les européens et les américains s’y investissent déjà.

Kyrios. Que le grand cric me croque et me fasse avaler ma barbe ! Comment apprécier ce monde robotisé dont tu me parles au regard du progrès humain que cela pourrait apporter.

Et maintenant,  en admettant une complexification croissante d’un niveau à un autre, je me demande ce qui se passe dans le vivant. Comme on le sait, nous sommes constitués des mêmes atomes que la terre et les étoiles, mais comment ces éléments se composent-ils pour constituer la vie ? Est-ce un résultat de la complexité ?

Ithloaèdes. On peut en effet expliquer la vie ainsi, une complexité de relations entre les atomes qui forment des molécules, qui forment des cellules, qui forment des tissus, des organes, des organismes. Et tu peux même observer ces effets de la complexité au cours de l’évolution à des niveaux surprenant comme par exemple celui de la conscience.

Il y a un exemple à ce sujet qui pourrait expliquer le vivant par un théorème qui a pris le nom de Bose -Einstein, théorème, on s’en doute très compliqué sur les fluides quantiques,¬ mais sur la base duquel, certains scientifiques en déduisent que sous conditions particulières  et lorsque le nécessaire niveau de complexité est rejoint,  des éléments simples peuvent fusionner en un seul et unique élément. C’est le principe philosophique qui implique que le Tout donne le Un.

Ce concept, peut être appliqué au vivant et observé au cours de l’évolution des espèces. La plus simple forme de vie est donnée par les bactéries et les protozoaires. Ces dernières sont des cellules qui vivent comme des individus dotés de mini-consciences car elles peuvent réagir à l’environnement qui les entoure.

Au cours des millénaires, des cellules semblables aux protozoaires ont formé des colonies, puis des individus plus complexes où les cellules se sont spécialisées en des fonctions diverses. De sorte que leur ensemble, suivant le théorème de Bose-Einstein donne, à partir de nombre de cellules différentes, un seul individu qui aura une seule conscience et non plus un ensemble de mini-consciences.

Cela peut évoluer et se complexifier jusqu’à la conscience humaine, qui, sur Terre, est l’exemple le plus complexe du vivant. Ainsi, d’organismes primaires capables de réactions élémentaires,  on arrive à des organismes qui peuvent écrire et déclamer l’Iliade ou le Mahâbhârata.

Voici comment une conscience peut émerger d’un ensemble d’atomes.

De même, les robots, que j’ai évoqués plus haut, modifieront probablement l’homme lui-même ; ils pourraient donner lieu à des prothèses dont certaines sont déjà utilisées en chirurgie réparatrice, voire dégager une certaine autonomie. L'émergence renvoie à un monde qui n'est pas figé, un monde en évolution dans lequel de nouvelles formes d'existence peuvent apparaître.

Kyrios. Si je comprends correctement ton raisonnement sur l’émergence de la conscience, j’aurais envie de dire que l’existence même de l’homme pourrait avoir modifié tous les niveaux antécédents. Il y a, par émergence, formation d'une hiérarchie de niveaux d'organisation, mais  l'ensemble ne forme pas un monde stratifié. Il s'agit plutôt d'une imbrication, car les niveaux ne sont pas disjoints et empilés, mais comme internes les uns aux autres et interactifs entre eux. Par exemple, la nature, au sens large, qui a permis l’émergence de l’homme s’en est trouvée profondément modifiée par lui. Alors, en cascade, on remonterait à la modification du niveau primordial du Big Bang et en allant encore au-delà, le GADLU lui-même serait potentiellement modifiable par nous en le faisant évoluer à notre image ! D’ailleurs, la kabbale, me semble-t-il,  explique que le Nom de Dieu lui-même est abimé chaque fois que le mal est fait volontairement.

Extrait du Cantique du quantique, à lire sur ce blog

 http://solange-sudarskis.over-blog.com/2014/10/cantique-du-quantique.html

 

¬          Le gaz parfait de bosons devait subir à basse température une transition de phase, dite condensation de Bose-Einstein, amenant un nombre macroscopique de particules dans leur état fondamental. Le condensat obtenu est un fluide quantique car cette transition se produit lorsque les effets de statistique quantique commencent à se manifester, autrement dit lorsque la distance inter-atomique devient de l’ordre de la longueur de cohérence des ondes de matière.

 

http://solange-sudarskis.over-blog.com/article-650923.html

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