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Le fruit de l'arbre de Liberté

1 Août 2005 , Rédigé par Solange SUDARSKIS Publié dans #planches maçonniques

9 - Le fruit de l’Arbre de Liberté

 

 

 

 

D

 

épister les parcelles de vérité qui sont intelligibles à l’esprit humain, devenir des espions du mystère, voir, toucher, vivre dans sa présence, plonger où il est le plus profond, le plus doux, le plus central, le plus transcendant, dans le ruissellement des énergies nous emmenant sur un autre plan de vie.

 

Et si c’était nous qui créions l’univers et actualisions le mystère ? Grande serait notre responsabilité, et « choisir », dans les renoncements que cela implique, choisir serait faire prendre des risques à l’avenir de notre devenir collectif.

 

Sur la planche à tracer, lieu de notre quête de l’esprit à partir de la matière, j’ai tenté de parcourir une fois encore « l’arbre de liberté » dans le sens (en direction) de « déterrer la bible ».

 

La Bible parle dans Gen29 de deux arbres dans le Paradis : « Elohim fait germer de la glèbe tout arbre convoitable pour la vue et bien à manger. L’arbre de vie, au milieu du jardin et l’arbre de la connaissance du bien et du mal »

 

Dans les exégèses mystiques, l’arbre de vie est aussi désigné par l’arbre de liberté.

 

Ces deux arbres représentent deux sphères différentes du domaine divin : l’arbre de vie fut très longtemps identifié avec la Thora écrite, l’autre arbre, celui de la connaissance du bien et du mal, avec la Thora orale. Ainsi, il serait une organisation mystique de la Thora qui permet de la considérer comme vivante, puisque comparée à des arbres. La Thora écrite, comme l’entend l’usage ésotérique de la langue, dans les sources talmudiques, n’est que le texte du Pentateuque. La Thora orale, elle, désigne tout le reste, ce qui est présenté par les spécialistes de l’Ecriture et les sages : c’est la tradition explicative. La Thora orale représente, en somme, la tradition du peuple israélite ; elle est le complément et la concrétisation nécessaire de la Thora écrite. La Thora écrite est comprise comme un symbole de la partie dispensatrice de la Divinité et la Thora orale est considérée comme un symbole de la partie réceptive. La totalité de la révélation n’est donnée que dans la totalité de l’unité Thora écrite + Thora orale.

 

L’organisme ardent de la Thora qui brûlait en feu noir sur feu blanc devant D. est à comprendre ainsi : le feu blanc est la Thora écrite dans laquelle la forme des lettres n’est pas encore visible, mais qui reçoit cette forme des consonnes ou des points- voyelles que grâce à la puissance du feu noir, qui est la Thora orale. Ce feu noir est comme l’encre sur le parchemin.

 

Donc, c’est dans l’accomplissement que s’écrit aussi la Thora. Ainsi l’arbre de la connaissance du bien et du mal identifie la Thora dans son existence historique, dans sa relation avec les choix faits par l’humanité de manger ou de ne pas manger, de faire ou de ne pas faire. C’est pourquoi l’arbre de la connaissance c’est aussi l’arbre des restrictions, des défenses, des limitations ; tandis que l’arbre de vie est l’arbre de liberté dans lequel la dualité du bonheur et du malheur, du bien et du mal, n’était pas encore visible, mais dans lequel tout était tourné vers l’unité de la vie divine, qui n’était encore atteinte par aucune restriction, ni par la puissance de la mort ou par tous les autres aspects de la vie qui apparurent seulement après la consommation de cet arbre, consommation considérée comme le pêché originel !

 

On retrouve cette idée d’unité brisée et le dualisme de ces deux arbres avec les deux groupes de Tables de la Loi données à Moïse sur le mont Sinaï. D’après une vieille idée talmudique, le poison du serpent, qui avait contaminé l’humanité à partir d’Eve, avait perdu ses pouvoirs avec la révélation du Sinaï. Les cabalistes écrivent que les premières Tables, qui avaient été données avant le pêché du veau d’or n’ont été lues que par Moïse et provenaient de l’arbre de Vie.

 

Les secondes Tables qui furent données après que les premières furent brisées, provenaient, elles, de l’arbre de la connaissance.

 

Ainsi les premières Tables, contenant une révélation de la Thora , correspondraient à l’état originel des hommes, lorsqu’ils se laissaient guider par le principe de l’unité incorporé dans l’arbre de vie. Cette Thora eut été plus spirituelle, transmise pour un monde dans lequel révélation et rédemption coïncideraient, dans lequel le pouvoir de la mort n’avait pas besoin d’être maîtrisé par des défenses et des restrictions.

 

Le Mystère eut été intégralement révélé. Le feu blanc serait devenu visible.

 

Mais on connaît la colère terrifiante du bègue, Moïse le bélier, devant l’idolâtrie du veau d’or !

 

On casse, on brûle, on tue (Ex 33.28) Les Benéi Lévi font selon la parole de Moïse, Il tombe du peuple, en ce jour, 3000 hommes environ.

 

Mais on regrette, on se repent malgré la nuque dure ; alors on recommence, on s’éloigne, on s’isole et on remonte, car il s’agit de s’élever et on retranscrit (Ex 34.28) Et il est là avec Adonaï, 40 jours et 40 nuits. IL écrit sur les Tables les paroles du pacte, dix paroles sur les nouvelles tables. La Thora paraît dans son vêtement historique. Certes elle a encore des niveaux cachés de mystère infini, mais la lumière n’est visible qu’à travers le bien, alors que le mal doit être combattu et limité par les commandements, des interdictions que l’on pense être des contrepoids au mal. La Thora est alors la coquille dure, inévitable dans un monde où règnent les forces du mal. Mais dans l’accomplissement l’homme est capable de briser cette coquille extérieure et de pénétrer jusqu’au noyau, jusqu’à l’arbre de liberté.

 

Tout particulièrement pour notre F\G., je dirai à propos de ces deux Thora :

 

Lorsqu’il est dit dans le cantique (4.11) : Le miel et le lait sont sous la langue, cela peut vouloir dire que le langage dissimule puis révèle l’infinie douceur et l’infinie valeur nutritive de la pensée spirituelle. Le miel et le lait étant des métaphores de la Thora écrite et de la Thora orale.

 

Cette pensée est pleinement humaine mais aussi pleine de  D. lorsqu’elle en respecte la Discrétion et fait de sa Loi une nourriture ; le lait est appelé h’eleb parce qu’il vient du leb (cœur) ; il est mêlé au miel, né des allées et venues, du suc des fleurs mélangé au suc d’autres fleurs, par un tisserand de douceur, l’abeille qu’on appelle en hébreu débora, celle qui tisse le dabar, la parole qui irrigue la pensée vers les cieux des cieux.

 

Dans le Zohar, le livre de la Splendeur , texte fondamental de la pensée juive, Moïse de Léon écrit : Car on appelle la Thora l’arbre de Vie… La Thora a une tête, un corps, un cœur, une bouche et d’autres membres de la même façon qu’Israël.

 

C’est à partir de cet anthropomorphisme de la Thora considérée comme un organisme vivant, de cette organisation mystique de la Thora où le nom de D. est incorporé (puisqu’il est dit que la Thora est tissée avec le nom) c’est à partir de cela que je me demande : comment rencontrer la transcendance ?

 

En allant vers Elle?

 

En La faisant venir vers nous?

 

En La faisant exister en L’actualisant?

 

Et je me pose ces questions comme les néoplatoniciens qui voyaient déjà, dans la similitude d’aspect (ou isomorphisme) la traduction d’une relation ontologique (science de l’être) essentielle grâce à laquelle il est possible de penser que l’objet matériel d’un rite puisse agir sur une composante déterminée de la structure du plérome divin (de l’arbre de Vie) en vertu du principe philosophique de ressemblance et d’identité.

 

Mais avant, je voudrai essayer de vous évoquer le monde des attributs de la manifestation divine : Le plérome est décrit en langage symbolique, car la perception directe, et nous le comprenons, n’est pas accessible à l’esprit humain.

 

Comme 10 paroles, 10 séphiroth, 10 splendeurs organisent les attributs de la manifestation en un archétype spécifique. La structure est comme un modèle sur lequel se fonde tout ce qui est manifesté. On nomme cette structure Image de D., mais on la connaît davantage sous le nom d’arbre de vie, de plérome. Le flux qui manifeste les 10 séphiroth peut-être visualisé comme un éclair de lumière zigzaguant d’une position centrale (Equilibre) vers la droite (Expansion et masculine) et vers la gauche (contrainte et féminine). La structure fait apparaître ainsi 3 colonnes verticales du diagramme de l’arbre de vie, connues sous le nom de Piliers.

 

Les séphiroths se définissent au départ comme les attributs du divin mais on peut aussi les comprendre en terme d’expériences humaines.  Les cabbalistes parlent d’attributs et de sphères de lumière, mais dans le même contexte, ils parlent aussi de noms divins et de lettres ; ces lettres avec lesquelles les noms divins sont formés. On peut alors dire que le monde secret est un langage; un monde de noms divins qui se développent selon leur propre essence. Attention ! Les lettres et les noms ne sont pas seulement des moyens conventionnels de communication. Ils sont le mystère. Chacun représente une concentration d’énergie et exprime une plénitude de sens qu’il est absolument impossible de traduire. L’unification du plérome est le nom sacré : le grand nom, l’imprononçable, le tétragramme n'en étant qu'une des formes.

 

Dans Isaïe 43.7 il est écrit : Ne frémis pas, oui je suis avec toi, chaque être appelé par  mon nom ; car je l’ai créé pour ma Gloire, Je l’ai formé ; oui je l’ai fait.

 

Ces quatre niveaux exprimés par les verbes appeler, créer, former et faire existent au sein de l’arbre de vie. Ils correspondent symboliquement à racine, tronc, branche et fruit. On les perçoit également dans les quatre stades de la manifestation à partir de la  source  du tout, du Un.

 

Le premier niveau, associé avec le feu, est le plus proche du sommet de l’arbre, il représente la volonté pure (l’appel divin). Le deuxième, associé à l’air, est le symbole d’intellect (de la création divine). Le troisième niveau, associé à l’eau, est conçu comme l’expression de l’émotion sous ses formes changeantes (la formation divine). Le quatrième, associé à la terre, parle d’action, de faire, d’exécution pratique (le faire divin).

 

Chaque niveau inclut les qualités et les activités du niveau supérieur de sorte qu’en descendant le long de l’arbre, les lois sont plus nombreuses, la structure plus complexe et tout est plus éloigné de la source.

 

Retenons que le mythe de l’unité divine est inscrit comme suprême concentration dans un symbole infini, dans lequel toutes les images et tous les noms font allusion au moyen par lequel D. se communique à travers les niveaux de sens différents. Le mystique qui s’y penche est entraîné vers des significations intérieures de plus en plus profondes de la connaissance

 

Comme le dit Pierre Teilhard de Chardin : là surtout, l’Energie créatrice nous attend, sûrement prête à nous transformer au-delà de tout ce que l’œil humain a jamais vu, ni son oreille entendu. Qui peut dire ce que D. ferait de nous, si nous osions, sur sa parole, suivre jusqu’au bout ses conseils et nous livrer à la providence ? Pour l’amour de l’univers, jetons nous sans trembler dans le creuset du monde à venir !

 

Appeler, créer, faire et maintenant c’est du faire dont il va être question, de notre faire, de nos actions, de l’accomplissement d’un acte concret à partir duquel on va essayer de refaire pour former, créer, appeler, de retrouver la racine qui est en haut, en partant d’une cime qui serait en bas.

 

Le rituel en tant que « faire » doit permettre une compréhension ou une actualisation de la transcendance dans un acte humain qui reçoit dans le monde de l’arbre de vie sa valeur mystique.

 

 

 Est-ce qu’un acte sacré peut être mis en scène pour, non seulement représenter le mystère, mais en même temps l’exciter, le faire exister ? De manière efficiente, existe-t-il un rituel qui instaurerait, restaurerait, conserverait, amplifierait, voire attirerait la Transcendance  ?

 

Dans la cabbale, celui qui accomplit la mizwa (il en y a 365 + 248= 613 à pratiquer par jour !) fait toujours quelque chose de double.

 

Il présente son être transcendant mais en même temps il conduit à cet être un influx de puissance, et celui qui agit ainsi donne pour ainsi dire l’existence à une parcelle de D. lui-même (si l’on peut s’exprimer ainsi)                               .  
Alors le rituel comme accomplissement cosmique ! Autrement dit, un acte ouvrirait sur une perspective sur l’infini. Le rituel exercé dans un rite doit être ainsi vu comme l’image corporelle finie de quelque chose qui existe en soi dans le plérome des séphiroth, dans la substance mystique de l’arbre de vie. Et ce qui permet le changement de niveau du rituel traditionnel en un rituel mystique qui s’accomplit sur la scène cosmique, à travers tous les mondes, c’est l’intention qui accompagne l’acte d’accomplissement.

 

Si quelqu’un accomplit l’acte sacré sans une intention juste, alors il est comme un corps sans âme écrit Isaac Louria.

 

Il est des techniques d’accomplissement d’actes rituels avec une telle intention  dans toutes les pratiques initiatiques. Il s’agit toujours de permettre la montée des plans inférieurs jusque dans les hauteurs les plus élevées qui s’épanchent ensuite jusqu’au niveau inférieur pour les inonder d’un flux de vie ontique.

 

Très caractéristique sous ce rapport, on peut reprendre à partir du Zohar les 4 stades de la prière de la communauté ; chacun de ses stades est considéré en même temps comme un perfectionnement, une amélioration, une restauration. Qu’est-ce qui est perfectionné, restauré dans ces 4 stades ?

 

Premièrement c’est l’homme lui-même qui se purifie et se perfectionne dans l’acte sacré.

 

Deuxièmement, c’est le monde naturel de la création qui, s’il lui était donné un langage éclaterait avec l’homme en hymnes. Troisièmement, c’est le monde supérieur des ordres des anges. Quatrièmement, la restauration faite par la prière n’est pas autre chose que le nom sacré lui-même, le nom de D. dans lequel est conçu le monde séphirotique. C’est la parole perdue.

 

De cette façon, celui qui acte monte du faire jusqu’au appeler de la divinité elle-même; il range quelque chose de la création et accomplit quelque chose qui appartient à son unité parfaite.

 

Ordo ab chao ! Mais surtout, ce quelque chose resterait latent sans son accomplissement. C’est ce que l’on peut désigner par une théurgie : un rite qui crée du divin.

 

La prière, c’est quelque chose de très difficile. C’est l’expérience la plus radicale du langage en mouvement. La prière n’est pas demander. La fonction de la prière est une expérience de transcendance de soi grâce à l’existence de D. qui est essentiellement une manière de se restructurer dans sa dignité, dans sa verticalité, d’être capable de sortir du chemin déjà tracé et d’allumer la lumière pour toujours, celle du temple à 7 branches et qui est l’arbre de vie.

 

Tout ceci n’est intelligible que si l’on accorde au pouvoir de manipuler certains signes linguistiques, de les écrire, de les brandir ou de les prononcer, la capacité de modifier, en bien ou en mal, l’univers surnaturel. Le nom sacré n’est pas seulement le symbole du dieu manifesté et des séphiroth qui forment son unité pléromatique, le nom imprononçable est une sorte de code génétique, par lequel le divin peut se faire et se défaire. L’action théurgique restauratrice viserait à réparer un  défaut introduit de l’extérieur au sein de la divinité. Cela suppose qu’un certain geste ou une certaine parole puissent dépasser les limites du monde naturel et pénétrer dans des régions inaccessibles dans un continuum invisible.

 

La fonction du rituel, tel qu’il apparaît aux chercheurs de mystère, est de lier les hommes en tant que microcosme avec le grand monde ou le grand homme primordial, qu’il ait nom Dieu, Transcendance, Unité, Gadlu, Adam Kadmon. Pour moi, la place occupée par les officiers participe d’un rituel qui, en définissant une géométrie sacrée, permet cette reliance.

 

Ouvrons le Temple, entrons dans le jardin de l’Arbre de liberté.

 

 

A l’orée du monde profane et du monde sacré, entre le monde inférieur et le monde supérieur, le couvreur dans sa sphère de lumière est en Malcouth, le royaume ! Il est la transition de la vie ordinaire à la vie réservée. Il vérifie la capacité de l’adepte de participer aux initiations en le tuilant au grade requis pour les travaux.

 

Avec le 2ème surveillant, sphère de lumière de Hod le réverbération et le 1er surveillant en Nezah l’éternité, ils forment une triade centrée sur le disciple placé en Yesod la fondation. C’est le lieu d’enseignement. Le disciple y apprend à approfondir sa conscience du monde, à se familiariser avec son ego, à reconnaître ses déséquilibres.

 

Là le M\ dirige ou conduit, n’enseigne pas mais éveille. Il libère et permet au jeune initié d’affronter son désert intérieur avec ses révoltes, sa discipline, sa purification, ses enseignements jusqu’à ce que, dans l’app\ et le comp\ meurt l’ancienne psyché esclave et qu’il soit prêt, avec une nouvelle génération d’attitudes, à entrer dans la terre promise de l’esprit.

 

Lorsque le F\M\ a atteint le niveau de Tipheret (où se tient le M\) c'est à dire lorsqu’il fait évoluer suffisamment sa volonté pour traverser à son gré la triade de l’éveil, il devient son propre tuteur ; il entre alors en contact avec la triade supérieure où s’équilibrent la discipline et la tolérance en Gebourah( la rigueur) et en Hesod (la miséricorde) où l’on peut par analogie pouvoir reconnaître comme sphères de lumière le Trés\et l’Hosp\ Cette triade éthique s’attache à perfectionner l’âme désormais consciente d’elle-même, tantôt par une touche de sévérité, parfois par une touche de bonté; rétablissant sur le pilier de l’équilibre les conflits entre expansion et contraction des émotions dans la dualité des piliers masculins et féminins. Cette pratique de mixité est accomplie avec les autres et pour les autres au sein du groupe, elle se poursuit sur plusieurs années. La Maç \ exige une grande patience et une grande stabilité. Chacun doit faire mûrir ses potentialités progressivement dans  la montée, à son propre rythme naturel. C’est l’œuvre d’une vie et elle se déroule au moment le plus juste pour l’individu et l’humanité.

 

C’est un temps nommé Kaïros par Aristote.

 

Dans l’optique anthropomorphique de l’arbre de vie, la grande triade supérieure est liée à des critères plus spirituels que psychologiques. Cette triade est formée de Binah( l’intelligence) et de Hochma( la sagesse) et de Kether (la couronne). C’est l’esprit se manifestant respectivement dans le tradition orale (l’orat\) et la lumière (le vén\). C’est le rôle panhistorique de la loge, celui d’engendrer de nouvelles ères maç\ et sociales.

 

Ces triades s’interfèrent par les énergies qui circulent entre elles à travers le rituel et les sons. Le compas ouvert placé sur l’autel du travail absorbe les flux de l’atelier, les focalise en la personne du vén\, sphère de lumière supérieure.

 

 Le vén\ est donc le médiateur des énergies qu’il accumule, transmute et purifie ; il catalyse et restitue par son rayonnement, à travers les branches du compas, l’égrégore de la loge jusqu’à la triade inférieure. Irradié de l’esprit du appeler, du créer, du former, du faire, de la connaissance, le collège est un arbre de vie, vivant de toutes ses colonnes qui les relient.

 

Le sépher yetsirah au VIe siècle dit :

 

10 séphiroth hors du néant (comme un ordo ab chao), 10 pas 9, pas 11, comprends ceci en sagesse et en sagesse comprends.

 

Le rituel instaure la structure du un manifesté, autrement dit actualise la transcendance qui se révèle. On peut dire que cela établit un rapport magique qui se réalise dans les actes sacralisés, sacrés.

 

Par exemple, pour moi : La question des alternances des questions posées par le vén\ au 1er et 2ème surv\ réunit dans la totalité des réponses le masculin et le féminin en une hiérogamie. La fusion réalisée dans la totalité du sens donné, comme si c’était une seule phrase rituelle, est comme le désir du cabbaliste qui s’introduit dans le corps du plérome pour faire tendre tout en l’unifiant vers la mixité supérieure de l’eïn-sof. C’est l’union de la femme à l’époux divin, la Chékina. L ’union des principes mâle et femelle est la toute première opération théurgique. Elle contribue par la mixité à réunifier jusqu’à l’origine primordiale l’unité manifestée qui est restaurée ainsi par la régression à l’état d’indifférenciation au sein de l’abîme sans limite d’où tout procède.

 

Je rappelle que c’est aussi le Un des platoniciens. C’est aussi la fécondation de toute vierge qui doit enfanter par le principe premier.

 

On peut dire que le but des rites des sociétés initiatiques serait l’élimination de ce que l’on nomme « l’autre côté », les forces du mal, les ténèbres ; et n’est-ce pas pour cela que nous tentons de construire un temple de lumière et pour cela nous manipulons un rituel inspiré des traditions initiatiques et ésotériques ?

 

La restauration de l’entièreté du Nom, la restitution de la parole perdue, c’est le combat contre l’archange d’Amalek qui l’aurait divisée, abîmée.

 

La quête menée dans l’humilité du doute est peut-être l’achèvement d’un élément que le corps mystique ne peut tenir que de nous.

 

Notre paix se double de l’exaltation de créer dans le risque un oeuvre éternelle qui n’existerait pas sans nous. Notre confiance en la transcendance s’anime, se fortifie et s’embellit de l’acharnement humain à conquérir la terre.

 

En résumé, les rituels peuvent être considérés comme une magie pratique. Ils sont des manières d’affronter le mal. Le rituel peut être perçu comme une forme efficiente de sagesse non seulement spéculative mais aussi transformante, un art qui grâce à l’utilisation des symboles permet de passer de la finitude à l’infini. Et on peut considérer que cela est légitime si on applique ces rituels avec scrupule.

 

Dans la cabbale, la prière, c’est quelque chose de très difficile. C’est l’expérience la plus radicale du langage en mouvement. La prière, n’est pas demander. La fonction de la prière est une expérience de transcendance de soi grâce à l’existence de D. qui est essentiellement une manière de se restructurer dans sa dignité, dans sa verticalité, d’être capable de sortir du chemin déjà tracé et d’allumer la lumière pour toujours, celle du temple à 7 branches et qui est l’arbre de vie. Tout ceci n’est intelligible que si l’on accorde au pouvoir de manipuler certains signes linguistiques, de les écrire, de les brandir ou de les prononcer la capacité de modifier, en bien ou en mal, l’univers surnaturel. Le nom sacré n’est pas seulement le symbole du dieu manifesté et des séphiroth qui forment son unité pléromatique, le nom imprononçable est une sorte de code génétique, par lequel le divin peut se faire et se défaire. L’action théurgique restauratrice viserait à réparer un  défaut introduit de l’extérieur au sein de la divinité. Cela suppose qu’un certain geste ou une certaine parole puissent dépasser les limites du monde naturel et pénétrer dans des régions inaccessibles dans un continuum invisible.

 

La première étape de cet art consiste à se familiariser avec l’arbre des séphiroth. Pour cela, il est nécessaire de traduire chaque reflet de lumière en terme humain de façon à percevoir l’image de la transcendance dans une optique existentielle pour l’homme.

 

Le moment où une personne parvient au plus près de l’arbre de vie, où il en devient son fruit ou lui donne un fruit, est une expérience qui peut survenir à tout moment.

 

La conscience philosophique, avivée, se transforme en lucidité psychique qui devient à son tour conscience profonde de la totalité de l’univers et de la présence de la transcendance. On est alors en contact direct avec tous les mondes en même temps et l’on perçoit à la fois la complexité et l’unité du Tout. C’est peut-être là que s’ouvre une porte vers l’initiation. Etre relié dans la qualité au cosmos pour mettre fin à notre chaos intérieur par un retour aux sources de l’univers pour faire renaître en nous l’ordre. Un ordre non suspect parce qu’inspiré par un tout vibrant de cohérence. L’histoire est un merveilleux rapprochement. Chacune des spires de la route nous conduit à la fois vers une perdition plus profonde et vers une conversion plus totale. Mais l’événement qui, vu du côté du monde, est une conversion, vu du côté de D. s’appelle une rédemption de nous-mêmes ou de D. lui même.

 

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